Description
Référence : 32009
Edouard LÉVY – LE MANUEL DES PRÉNOMS
1922, format : 140×225, 312 pages, sans illustration[s].broché, très mauvais état couv. avec tâche et manque (voir image), trache de dos abîmé, bon état intérieur.
Edouard LÉVY LE MANUEL DES PRÉNOMS
PREFACE DE M. Pierre MILLE
PRÉFACE
• Dans le quatorzième arrondissement de Paris, en 1895, un ivrogne se présente devant le secrétaire de la mairie : • « — J’viens déclarer un gosse. • — Quel sexe ? demande ce fonctionnaire. • — Un garçon. Pour sûr : y a pas d’erreur ! • — Sexe masculin, traduit le secrétaire avec une in • différence professionnelle. Vous déclarez l’appeler?… • — Comment que j’l’appelle?… Jean-Pierre Trop Tard à la Soupe ! » • Le citoyen était évidemment plein comme le potage auquel il faisait allusion. • « — Jean-Pierre, ça va bien, dit le secrétaire. Mais les autres noms, je ne puis les inscrire… • — Si c’est mon plaisir à moi ?… • — Il est possible que ce soit votre plaisir, mais voici la loi : « Les noms en usage dans les différents calendriers et ceux des « personnages connus de l’histoire ancienne pourront seuls être « reçus comme prénoms sur les registres de l’état civil. Con- « tentez-vous de Jean-Pierre, ou trouvez d’autres prénoms. » • Cette loi du 11 Germinal an XI vous paraît fort sage, n’est-ce pas ? Attendez ! Voici qu’un aimable fumiste arrive à la mairie d’Echauffour (Orne) : • « — Je déclare la naissance de mon fils Melon, dit-il, froid comme glace. • — Hein ? • — J’ai dit Melon, je répète Melon. Loi du 11 Germinal an XI : les noms en usage dans les différents calendriers seront seuls admis. Melon est inscrit au calendrier républicain. Et vous pouvez vous estimer heureux que je n’appelle pas aussi l’enfant, par-dessus le marché, Ane, Panais et Potiron ; ou bien • Pastèque, Morille et Endive, si c’est une fille. Car ces prénoms existent au calendrier révolutionnaire. Marchez, ou je dépose une plainte au parquet ! »
• Le secrétaire de la mairie d’Echauffour a marché : il a existé un jeune Normand qui s’appelait Melon. Çà l’a servi énormément dans l’existence. Pour se consoler, il pouvait se dire qu’il aurait aussi bien pu s’appeler Potiron, qui se trouve également au calendrier républicain. Et, d’ailleurs, le père Deschamps a inscrit un saint Melon dans son calendrier catholique.
• Je relève ces exemples, et d’autres encore plus ahurissants dans la très savante série d’études de M. Edouard Lévy sur la question des prénoms, devant l’état civil, qui suit ces quelques lignes. L’objet de ces études est de démontrer que la loi de Germinal an XI est absolument insuffisante. Cela se voit à l’œil nu ! Ajoutez que les secrétaires de mairie en sont affolés. Il y en a qui refusent le prénom de Léone, par la raison qu’au calendrier il y a un saint Léon, mais non une sainte Léone ; et d’autres qui inscrivent paisiblement le nom de Ranavalomanjaka, qui n’est même pas une orthographe exacte, par la raison sans doute que la reine de Madagascar est un personnage connu dans l’histoire.
• Il est clair que nous avons besoin d’une loi raisonnable sur les prénoms ! Mais ce n’est peut-être pas si commode de la rendre acceptable. Il faudra tenir compte — et cela se peut-il? — des habitudes différentes de nos différentes provinces. Je m’explique :
• Oil se demande ce qui peut pousser les gens à affubler leur progéniture de noms propres qui peuvent les ridiculiser toute leur vie. Il est né, en 1848, à Montigny-le-Franc, une fille que ses parents appelèrent « Eternelle », ce qui ne l’a pas empêchée de mourir, à l’äge d’ailleurs respectable de soixante-treize ans. il y a à Dourdan un pauvre gosse, né en 1914, qui s’appelle Léophas Anazéphor. Il y a des Uscrasic ; il y a même, à Chailly-en-Bière, un pauvre diable accablé du prénom d’Oculiste ! J’aime mieux le croire que de l’aller voir…
• Ces prénoms ridicules sont donnés à leurs enfants, dit M. Edouard Lévy, par des pères en ribote, ou des parents mécontents de l’accroissement de leur postérité, et qui se veulent
PREFACE DE M. Pierre MILLE
PRÉFACE
• Dans le quatorzième arrondissement de Paris, en 1895, un ivrogne se présente devant le secrétaire de la mairie : • « — J’viens déclarer un gosse. • — Quel sexe ? demande ce fonctionnaire. • — Un garçon. Pour sûr : y a pas d’erreur ! • — Sexe masculin, traduit le secrétaire avec une in • différence professionnelle. Vous déclarez l’appeler?… • — Comment que j’l’appelle?… Jean-Pierre Trop Tard à la Soupe ! » • Le citoyen était évidemment plein comme le potage auquel il faisait allusion. • « — Jean-Pierre, ça va bien, dit le secrétaire. Mais les autres noms, je ne puis les inscrire… • — Si c’est mon plaisir à moi ?… • — Il est possible que ce soit votre plaisir, mais voici la loi : « Les noms en usage dans les différents calendriers et ceux des « personnages connus de l’histoire ancienne pourront seuls être « reçus comme prénoms sur les registres de l’état civil. Con- « tentez-vous de Jean-Pierre, ou trouvez d’autres prénoms. » • Cette loi du 11 Germinal an XI vous paraît fort sage, n’est-ce pas ? Attendez ! Voici qu’un aimable fumiste arrive à la mairie d’Echauffour (Orne) : • « — Je déclare la naissance de mon fils Melon, dit-il, froid comme glace. • — Hein ? • — J’ai dit Melon, je répète Melon. Loi du 11 Germinal an XI : les noms en usage dans les différents calendriers seront seuls admis. Melon est inscrit au calendrier républicain. Et vous pouvez vous estimer heureux que je n’appelle pas aussi l’enfant, par-dessus le marché, Ane, Panais et Potiron ; ou bien • Pastèque, Morille et Endive, si c’est une fille. Car ces prénoms existent au calendrier révolutionnaire. Marchez, ou je dépose une plainte au parquet ! »
• Le secrétaire de la mairie d’Echauffour a marché : il a existé un jeune Normand qui s’appelait Melon. Çà l’a servi énormément dans l’existence. Pour se consoler, il pouvait se dire qu’il aurait aussi bien pu s’appeler Potiron, qui se trouve également au calendrier républicain. Et, d’ailleurs, le père Deschamps a inscrit un saint Melon dans son calendrier catholique.
• Je relève ces exemples, et d’autres encore plus ahurissants dans la très savante série d’études de M. Edouard Lévy sur la question des prénoms, devant l’état civil, qui suit ces quelques lignes. L’objet de ces études est de démontrer que la loi de Germinal an XI est absolument insuffisante. Cela se voit à l’œil nu ! Ajoutez que les secrétaires de mairie en sont affolés. Il y en a qui refusent le prénom de Léone, par la raison qu’au calendrier il y a un saint Léon, mais non une sainte Léone ; et d’autres qui inscrivent paisiblement le nom de Ranavalomanjaka, qui n’est même pas une orthographe exacte, par la raison sans doute que la reine de Madagascar est un personnage connu dans l’histoire.
• Il est clair que nous avons besoin d’une loi raisonnable sur les prénoms ! Mais ce n’est peut-être pas si commode de la rendre acceptable. Il faudra tenir compte — et cela se peut-il? — des habitudes différentes de nos différentes provinces. Je m’explique :
• Oil se demande ce qui peut pousser les gens à affubler leur progéniture de noms propres qui peuvent les ridiculiser toute leur vie. Il est né, en 1848, à Montigny-le-Franc, une fille que ses parents appelèrent « Eternelle », ce qui ne l’a pas empêchée de mourir, à l’äge d’ailleurs respectable de soixante-treize ans. il y a à Dourdan un pauvre gosse, né en 1914, qui s’appelle Léophas Anazéphor. Il y a des Uscrasic ; il y a même, à Chailly-en-Bière, un pauvre diable accablé du prénom d’Oculiste ! J’aime mieux le croire que de l’aller voir…
• Ces prénoms ridicules sont donnés à leurs enfants, dit M. Edouard Lévy, par des pères en ribote, ou des parents mécontents de l’accroissement de leur postérité, et qui se veulent




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