Description
Référence : 30947
DUBUISSON Pierre-Paul – ARMORIAL des principales maisons et familles du royaume
Intro de Hervé PINOTEAU
réimpression de 1974, format : 180×150, 214 pages, nb ill. broché
UN ARMORIAL DU XVIII » SIÈCLE, L’ARMORIAL DUBUISSON
Comme tout rédacteur d’armorial, Pierre-Paul Dubuisson avait eu l’idée d’être utile en reproduisant les armes que l’on pouvait contempler à la cour de Versailles et dans la ville de Paris, c’est- à-dire dans les milieux proches du pouvoir, au centre des affaires et des préoccupations intellectuelles. Ce petit ouvrage héraldique est ainsi le reflet d’une société disparue, celle qui fut sans doute le «Tout-Etat» et le Tout-Paris de 1757 ; c’est le reflet utile et digne de réimpression, car nous livrant la clé de l’identification de nombreuses familles ayant laissé des traces héraldiques sur des « monuments » parvenus jusqu’à nous : vaisselle, argenterie, livres, manuscrits, tableaux, etc. Certes, le nombre des familles et des armes est fort maigre (3 256) par rapport à la masse des porteurs d’armes de cette époque (le chiffre de 100 000 armes n’est avancé que pour fixer les idées, en tenant compte de ce qui avait été enregistré en 1696 et années suivantes dans le cadre de Y Armorial général), mais il n’en reste pas moins que nous avons là le « gratin » ou tout du moins une bonne partie de celui-ci.
De toutes façons, l’auteur nous avertit qu’il s’agit avant tout des personnes de l’Ile-de-France. Les « étrangers » au cœur du royaume sont ceux qui y ont quand même des terres ou qui font figure à la cour, ne serait-ce que par le service armé dans la maison du Roi. Ce qui nous vaut une kyrielle de Suisses (Affry, Bezenval, Courten, Diesbach, Erlach, Reding, Reynold, Zurlauben…) et quelques Allemands (Anhalt Zerbst, Bentheim, Hesse Cassel, Leiningen, Manderscheit, Wurtemberg…). Les Polonais, venus sans doute dans le sillage de la Reine, sont peu nombreux (Brocq, Tenczyn…), de même que les Britanniques présents à des titres divers, dont l’exil avec les Stuart (Aubigny, Fitz- James, Hamilton…). On remarquera aussi les ancêtres maternels de l’impératrice Eugénie (Kerpatrix provenant d’Ecosse)… amusant retour des choses quand on pense que les Stuart sont des Fitz- Alan venant de France, et plus précisément de Dol en Bretagne. Par contre, certaines provinces sont bien sacrifiées, leurs représentants ne devant pas fréquenter Paris. L’Alsace est une de celles-ci (Andlau, Kageneq – sic -, Klinghin – resic -…) pour ne pas parler des provinces qui ne sont pas encore nôtres, Lorraine, Corse, Savoie… la modestie de la plus bruyante de nos familles au XIXe siècle (Bonaparte) ne lui laissant d’ailleurs aucune chance d’être inscrite par Dubuisson, si tant est que l’héraldiste ait continué son œuvre après l’annexion de l’île en 1768.
L’aspect régional de l’ouvrage est souligné par différents faits : par exemple, l’ancienne maison bourguignonne des d’Avoust n’y figure pas (c’est la famile du maréchal Davout) alors qu’on peut y voir les Beauharnais, issus de bourgeois de l’Orléanais. Il est curieux de constater que de prolifiques maisons comme les Barras de Provence ne figurent pas non plus.
Toutes ces maisons sont naturellement classées par ordre alphabétique des patronymes, mais :
1) Ceux-ci sont parfois omis; nous citons comme exemples Donissan de Citran (il s’agit de Durfort), La Fayette (des du Mottier), Matignon de Goyon (des Goyon), Salabery (des Irumberry), etc. Il ne pouvait être question ici de dresser la table rectifiée, mais nous tenions à en prévenir le lecteur.
2) Des patronymes et noms de terres peuvent être bien modifiés : Couché de Lusignem (pour Couhé de Lusignan), Desnots (des Nos), Galiens (Galléan), etc. Tout ceci apporte quelques petits problèmes à résoudre, d’autant plus que Goeslard est Goislard… de Monsabert, Guyon est maintenant connu comme Guyon des Diguères, Jegou de Kervillio est devenu Jégou du Laz, Le Gouz est bien Le Gouz de Saint-Seine avec des armes un peu différentes, les Magon de Terlaye et de La Ger- vasais sont devenus Magon de La Giclais et de La Villehuchet, etc.
Pas mal de points restent étonnants. Pourquoi les Desnots de la Feillé alors que les grands des Nos sont ceux de Pannard ? Pourquoi des Orléans Rothelin (bâtards de bâtards de la maison de France) alors qu’il n’y a pas de Bourbons Busset (simplement bâtards de la même auguste lignée) ? Pourquoi les Beauvau Craon sans armes de Craon ? Des Caumont Lauzun bien éteints alors qu’il faut aller chercher les La Force dans le supplément ?
Quant aux armes même, il y a visiblement peu d’erreurs. L’ensemble est soigneusement gravé par Noël Le Mire (1724-1801), excellent artiste parisien. Le trait n’est cependant pas génial, mais il est difficile d’attendre mieux d’un siècle qui sombrait dans la bergerie et la légèreté, en attendant la sanglante tragédie qui balayera les fastes héraldiques, et ce à un point tel, que l’étude de l’art et de la science du blason passe encore de nos jours pour divertissement dangereusement réactionnaire et pas sérieux du tout en ce royaume perdu.
Comme tout rédacteur d’armorial, Pierre-Paul Dubuisson avait eu l’idée d’être utile en reproduisant les armes que l’on pouvait contempler à la cour de Versailles et dans la ville de Paris, c’est- à-dire dans les milieux proches du pouvoir, au centre des affaires et des préoccupations intellectuelles. Ce petit ouvrage héraldique est ainsi le reflet d’une société disparue, celle qui fut sans doute le «Tout-Etat» et le Tout-Paris de 1757 ; c’est le reflet utile et digne de réimpression, car nous livrant la clé de l’identification de nombreuses familles ayant laissé des traces héraldiques sur des « monuments » parvenus jusqu’à nous : vaisselle, argenterie, livres, manuscrits, tableaux, etc. Certes, le nombre des familles et des armes est fort maigre (3 256) par rapport à la masse des porteurs d’armes de cette époque (le chiffre de 100 000 armes n’est avancé que pour fixer les idées, en tenant compte de ce qui avait été enregistré en 1696 et années suivantes dans le cadre de Y Armorial général), mais il n’en reste pas moins que nous avons là le « gratin » ou tout du moins une bonne partie de celui-ci.
De toutes façons, l’auteur nous avertit qu’il s’agit avant tout des personnes de l’Ile-de-France. Les « étrangers » au cœur du royaume sont ceux qui y ont quand même des terres ou qui font figure à la cour, ne serait-ce que par le service armé dans la maison du Roi. Ce qui nous vaut une kyrielle de Suisses (Affry, Bezenval, Courten, Diesbach, Erlach, Reding, Reynold, Zurlauben…) et quelques Allemands (Anhalt Zerbst, Bentheim, Hesse Cassel, Leiningen, Manderscheit, Wurtemberg…). Les Polonais, venus sans doute dans le sillage de la Reine, sont peu nombreux (Brocq, Tenczyn…), de même que les Britanniques présents à des titres divers, dont l’exil avec les Stuart (Aubigny, Fitz- James, Hamilton…). On remarquera aussi les ancêtres maternels de l’impératrice Eugénie (Kerpatrix provenant d’Ecosse)… amusant retour des choses quand on pense que les Stuart sont des Fitz- Alan venant de France, et plus précisément de Dol en Bretagne. Par contre, certaines provinces sont bien sacrifiées, leurs représentants ne devant pas fréquenter Paris. L’Alsace est une de celles-ci (Andlau, Kageneq – sic -, Klinghin – resic -…) pour ne pas parler des provinces qui ne sont pas encore nôtres, Lorraine, Corse, Savoie… la modestie de la plus bruyante de nos familles au XIXe siècle (Bonaparte) ne lui laissant d’ailleurs aucune chance d’être inscrite par Dubuisson, si tant est que l’héraldiste ait continué son œuvre après l’annexion de l’île en 1768.
L’aspect régional de l’ouvrage est souligné par différents faits : par exemple, l’ancienne maison bourguignonne des d’Avoust n’y figure pas (c’est la famile du maréchal Davout) alors qu’on peut y voir les Beauharnais, issus de bourgeois de l’Orléanais. Il est curieux de constater que de prolifiques maisons comme les Barras de Provence ne figurent pas non plus.
Toutes ces maisons sont naturellement classées par ordre alphabétique des patronymes, mais :
1) Ceux-ci sont parfois omis; nous citons comme exemples Donissan de Citran (il s’agit de Durfort), La Fayette (des du Mottier), Matignon de Goyon (des Goyon), Salabery (des Irumberry), etc. Il ne pouvait être question ici de dresser la table rectifiée, mais nous tenions à en prévenir le lecteur.
2) Des patronymes et noms de terres peuvent être bien modifiés : Couché de Lusignem (pour Couhé de Lusignan), Desnots (des Nos), Galiens (Galléan), etc. Tout ceci apporte quelques petits problèmes à résoudre, d’autant plus que Goeslard est Goislard… de Monsabert, Guyon est maintenant connu comme Guyon des Diguères, Jegou de Kervillio est devenu Jégou du Laz, Le Gouz est bien Le Gouz de Saint-Seine avec des armes un peu différentes, les Magon de Terlaye et de La Ger- vasais sont devenus Magon de La Giclais et de La Villehuchet, etc.
Pas mal de points restent étonnants. Pourquoi les Desnots de la Feillé alors que les grands des Nos sont ceux de Pannard ? Pourquoi des Orléans Rothelin (bâtards de bâtards de la maison de France) alors qu’il n’y a pas de Bourbons Busset (simplement bâtards de la même auguste lignée) ? Pourquoi les Beauvau Craon sans armes de Craon ? Des Caumont Lauzun bien éteints alors qu’il faut aller chercher les La Force dans le supplément ?
Quant aux armes même, il y a visiblement peu d’erreurs. L’ensemble est soigneusement gravé par Noël Le Mire (1724-1801), excellent artiste parisien. Le trait n’est cependant pas génial, mais il est difficile d’attendre mieux d’un siècle qui sombrait dans la bergerie et la légèreté, en attendant la sanglante tragédie qui balayera les fastes héraldiques, et ce à un point tel, que l’étude de l’art et de la science du blason passe encore de nos jours pour divertissement dangereusement réactionnaire et pas sérieux du tout en ce royaume perdu.
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