Description
Référence : 30964
G. Urion Fils. Petit & Cie – Carnet d’Artiste – Les Fourrures – Aujourd’hui et Autrefois
(Magasins A. Pygmalion ) = 5ème Fascicule
1912, format : 300×230, 32 pages, nb en couleur ill. broché
FOURRURES D’AUJOURD’HUI ET D’AUTREFOIS
Si, pour écrire l’histoire de nos moeurs, les annalistes futurs se voyaient tout à coup prives de leurs documents habituels, je prétends qu’avec quelque ingéniosité et beaucoup de logique, ils y arriveraient cependant, a condition qu’il leur restât quelques portraits, depuis le moyen âge jusqu’à nos jours, quelques portraits représentant des personnages habillés de leurs vêtements à fourrures. Rien de plus et cela subirait.
C’est que l’évolution de la fourrure, en effet, reflète d’une manière étonnamment fidèle et précise celle de nos goûts, donc de nos mœurs. Je la vois : chaude tout simplement, pratique et lourde aux époques de frugalité : majestueuse aux moments aristocratiques de l’histoire. Lorsque la richesse prédominé sur tous les autres pouvoirs, elle se fait luxueuse, chère, raffinée. Parfois elle apparaît frivole, riante : alors on est sûr que le plaisir est roi, le plaisir et la légèreté de l’esprit. Mais toujours elle est l’ornement suprême et comme la vêture définitive, âme de toutes les autres. « Dis-moi ce qui le couvre et je te dirai qui tu es. »
Jadis, la fourrure caractérisait si exclusivement le manteau de parade qu’on l’eût dite réservée à la souveraineté. La pourpre royale ou impériale se doublait tout naturellement de la suave candeur de l’hermine. Fourrées d’hermine aussi les toges des juges, ces souverains de la conscience civile, les simarres des prélats, ces maîtres de la conscience religieuse. Nobles et riches portaient des fourrures, en étoles, en doublures, en revers, en parements, comme ils eussent arboré l’émail et l’or de leurs ordres, vendu leurs terres, joué leurs fortunes. C’étaient parmi les plus authentiques des attestations de leur rang. Et, comme tous les signes de ce genre, elles avaient tendance à se fixer dans des formes immuables, quasi rituelles, symboliques. Travaillées par des artistes patients, des peaux de bêtes rares, tuées très loin, et comme fabuleuses, gardaient jusqu’à leur destruction finale par le temps l’apparence qu’on leur avait une fois donnée. On eût considéré comme sacrilège de les découdre, de les changer de place, de les combiner ensemble. Ces vêtements fastueux, ces accessoires de, cérémonie se transmettaient de génération en génération, respectueusement, comme des bagues héraldiques…
Si, pour écrire l’histoire de nos moeurs, les annalistes futurs se voyaient tout à coup prives de leurs documents habituels, je prétends qu’avec quelque ingéniosité et beaucoup de logique, ils y arriveraient cependant, a condition qu’il leur restât quelques portraits, depuis le moyen âge jusqu’à nos jours, quelques portraits représentant des personnages habillés de leurs vêtements à fourrures. Rien de plus et cela subirait.
C’est que l’évolution de la fourrure, en effet, reflète d’une manière étonnamment fidèle et précise celle de nos goûts, donc de nos mœurs. Je la vois : chaude tout simplement, pratique et lourde aux époques de frugalité : majestueuse aux moments aristocratiques de l’histoire. Lorsque la richesse prédominé sur tous les autres pouvoirs, elle se fait luxueuse, chère, raffinée. Parfois elle apparaît frivole, riante : alors on est sûr que le plaisir est roi, le plaisir et la légèreté de l’esprit. Mais toujours elle est l’ornement suprême et comme la vêture définitive, âme de toutes les autres. « Dis-moi ce qui le couvre et je te dirai qui tu es. »
Jadis, la fourrure caractérisait si exclusivement le manteau de parade qu’on l’eût dite réservée à la souveraineté. La pourpre royale ou impériale se doublait tout naturellement de la suave candeur de l’hermine. Fourrées d’hermine aussi les toges des juges, ces souverains de la conscience civile, les simarres des prélats, ces maîtres de la conscience religieuse. Nobles et riches portaient des fourrures, en étoles, en doublures, en revers, en parements, comme ils eussent arboré l’émail et l’or de leurs ordres, vendu leurs terres, joué leurs fortunes. C’étaient parmi les plus authentiques des attestations de leur rang. Et, comme tous les signes de ce genre, elles avaient tendance à se fixer dans des formes immuables, quasi rituelles, symboliques. Travaillées par des artistes patients, des peaux de bêtes rares, tuées très loin, et comme fabuleuses, gardaient jusqu’à leur destruction finale par le temps l’apparence qu’on leur avait une fois donnée. On eût considéré comme sacrilège de les découdre, de les changer de place, de les combiner ensemble. Ces vêtements fastueux, ces accessoires de, cérémonie se transmettaient de génération en génération, respectueusement, comme des bagues héraldiques…
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