Description
Référence : 31994
ABBÉ J.-B. DULAURENS – HISTOIRE Sainte Chandelle D’ARRAS
1745, format : 115×190, 178 pages, sans illustration[s].broché, couv + tranche dos débrochés, (les trois dernières pages abîmées légèrement en bas de page, bon état intérieur
L’ABBÉ J.-B. DULAURENS. HISTOIRE Sainte Chandelle D’ARRAS
Réimpression (vers 1890) textuelle sur l’édition originale de 1745, augmentée de notes curieuses et d’une Préface nécessaire
PRÉFACE
Voilà le sujet du poëme de la Chandelle d’Arras, ouvrage presque aussi spirituel, presque aussi bien versiflé, et souvent bien plus amusant que la Pucelle; car Voltaire, pour être piquant et malignement badin, n’était pas comique, et puis le sujet de la vierge de Domrémy, pris à l’envers de la vénération que cette fille guerrière devait inspirer aux Français délivrés par elle du joug de l’étranger, n’est-il pas une profanation des plus coupables ?
L’abbé Du LURENS, qui fit le Compère Mathieu, roman si original, qu’on ne s’est jamais lassé de le réimprimer, de le traduire et de le lire dans toutes les langues de l’Europe, est l’auteur de la Chandelle d’Arras, composition toute écrite de verve, et, en quelque sorte, improvisée, puisqu’elle ne lui coùta que quinze jours de travail, et qu’on y compte dix-huit chants, comme dans le Balai, dont il avait fait presqu’un chant par jour. En France on ne citerait pas un second exemple d’une facilité aussi prodigieuse, unie à une imagination véritablement féconde.
L’abbé Du Laurens avait du génie; il avait des idées fortes et neuves, avec le don de les rendre très énergiquement; mais la tyrannie d’une mère dévote qui le fit moine contre son gré contribua à rétrécir le cercle de ses conceptions, en même temps qu’elle détermina leur nature.
Il faut qu’un moine sans vocation devienne ou un saint ou un impie, au dire des gens de sa robe : l’abbé Du Laurens ne se soucia nullement d’être canonisé ; jamais il ne crut se résoudre à passer pour un imbécile, ni à jouer le rôle d’un hypocrite. Sa raison se rébellionna sous le froc, et l’étude de la théologie acheva de faire de lui un incrédule. Dès lors il s’attaqua aux préjugés, aux superstitions, aux abus de tous genres qui avaient pris naissance et se maintenaient à la faveur de la religion de Rome.
Ce monde a toujours été amplement pourvu de jésuites, espèce de gens qui font vertus de leurs vices et cherchent leur bonheur dans les avantages du mensonge et de la duplicité; ce sont des fourbes qui vivent aux dépens d’autrui, et s’assurent l’impunité en appelant à eux quiconque leur paralt avoir la vue bonne et la conscience large.
Vers le temps où l’abbé Du Laurens venait d’entrer dans l’ordre des Mathurins, florissait une troupe de rusés fripons, qui, sous la dédicace de l’Espagnol Ignace de Loyola, s’étaient ligués pour arriver par voies tortueuses à la domination uni vers elle. L’abbé leur déclara d’abord la guerre; il les confondit dans des thèses publiques, mais il paya cher ce triomphe : ils le poursuivirent de leur haine, et, comme ils n’étaient pas méchants à demi, ils trouvèrent le moyen de lui faire fermer tous les asiles où il aurait pu jouir de quelque repos. Depuis ils ne cessèrent pas de s’acharner contre sa personne ; il leur répondit dans des satires; eux, lancèrent la police à ses trousses, et, pendant qu’il fuyait les lettres de cachet que l’on accordait à tort et à travers à cette époque …
Réimpression (vers 1890) textuelle sur l’édition originale de 1745, augmentée de notes curieuses et d’une Préface nécessaire
PRÉFACE
Voilà le sujet du poëme de la Chandelle d’Arras, ouvrage presque aussi spirituel, presque aussi bien versiflé, et souvent bien plus amusant que la Pucelle; car Voltaire, pour être piquant et malignement badin, n’était pas comique, et puis le sujet de la vierge de Domrémy, pris à l’envers de la vénération que cette fille guerrière devait inspirer aux Français délivrés par elle du joug de l’étranger, n’est-il pas une profanation des plus coupables ?
L’abbé Du LURENS, qui fit le Compère Mathieu, roman si original, qu’on ne s’est jamais lassé de le réimprimer, de le traduire et de le lire dans toutes les langues de l’Europe, est l’auteur de la Chandelle d’Arras, composition toute écrite de verve, et, en quelque sorte, improvisée, puisqu’elle ne lui coùta que quinze jours de travail, et qu’on y compte dix-huit chants, comme dans le Balai, dont il avait fait presqu’un chant par jour. En France on ne citerait pas un second exemple d’une facilité aussi prodigieuse, unie à une imagination véritablement féconde.
L’abbé Du Laurens avait du génie; il avait des idées fortes et neuves, avec le don de les rendre très énergiquement; mais la tyrannie d’une mère dévote qui le fit moine contre son gré contribua à rétrécir le cercle de ses conceptions, en même temps qu’elle détermina leur nature.
Il faut qu’un moine sans vocation devienne ou un saint ou un impie, au dire des gens de sa robe : l’abbé Du Laurens ne se soucia nullement d’être canonisé ; jamais il ne crut se résoudre à passer pour un imbécile, ni à jouer le rôle d’un hypocrite. Sa raison se rébellionna sous le froc, et l’étude de la théologie acheva de faire de lui un incrédule. Dès lors il s’attaqua aux préjugés, aux superstitions, aux abus de tous genres qui avaient pris naissance et se maintenaient à la faveur de la religion de Rome.
Ce monde a toujours été amplement pourvu de jésuites, espèce de gens qui font vertus de leurs vices et cherchent leur bonheur dans les avantages du mensonge et de la duplicité; ce sont des fourbes qui vivent aux dépens d’autrui, et s’assurent l’impunité en appelant à eux quiconque leur paralt avoir la vue bonne et la conscience large.
Vers le temps où l’abbé Du Laurens venait d’entrer dans l’ordre des Mathurins, florissait une troupe de rusés fripons, qui, sous la dédicace de l’Espagnol Ignace de Loyola, s’étaient ligués pour arriver par voies tortueuses à la domination uni vers elle. L’abbé leur déclara d’abord la guerre; il les confondit dans des thèses publiques, mais il paya cher ce triomphe : ils le poursuivirent de leur haine, et, comme ils n’étaient pas méchants à demi, ils trouvèrent le moyen de lui faire fermer tous les asiles où il aurait pu jouir de quelque repos. Depuis ils ne cessèrent pas de s’acharner contre sa personne ; il leur répondit dans des satires; eux, lancèrent la police à ses trousses, et, pendant qu’il fuyait les lettres de cachet que l’on accordait à tort et à travers à cette époque …



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