Description
Référence : 31575
Bussinger André – Le Val-de-Marne
Un million de citoyens 94
1968, format : 180×250, 390 pages, nomb. ill. Broché avec rabat, légère usure couv, en l’état
PREFACE
En créant les nouveaux départements de la région parisienne, la loi du 10 juillet 1964 engageait un immense pari sur l’avenir. Un avenir trop ouvert pour n’être qu’une prolongation du présent, un pari trop important pour être laissé au seul soin du hasard, de ses fantaisies ou de son fatalisme.
Rarement réforme ne fut mieux inscrite pourtant dans la tradition du passé. N’est-ce pas la vocation de Paris que de changer d’habit et de visage toutes les fois qu’il est nécessaire? De la Lutèce des Parisiens à l’enceinte de Philippe Auguste, des barrières du Louvre à celles des fermiers généraux, des grands boulevards aux boulevards extérieurs, c’était la croissance continue d’une ville à l’image de celle d’un peuple, c’était transcrite dans sa capitale la vitalité d’une Nation.
Mais le secret de Paris, parmi toutes les cités, c’était aussi d’avoir préservé, au cours des âges, l’originalité des quartiers qui peu à peu l’agrandissaient. On pouvait être Parisien sans avoir jamais quitté Belleville, ou bien Passy, ou Montparnasse : et vivre humainement dans ces villages dont l’agglomération formait la Ville.
La croissance des cinquante dernières années, prenant d’autres dimensions, a brusquement rompu ce charme. Paris est entré dans le monde moderne sans s’y être préparé, sans avoir prévu la brutalité des bouleversements qu’il impliquait. Je suis de cette génération qui a vu s’étendre la banlieue, comme une tache d’encre sur la page de l’histoire. J’ai connu l’installation du désordre conquérant et la foire d’empoigne des pavillons, des usines et des terrains vagues, et l’anarchie soudaine d’une ceinture urbaine où Paris ne reconnaît ni sa grandeur ni sa beauté.
Réformer ces paysages défaits, recréer la vie partout où elle existe si dense mais dépourvue d’harmonie et d’ordre humain, combattre le morne ennui ou la fatigue de tant de Parisiens étrangers à Paris ; réintégrer dans la cité cette partie d’elle-même demeurée subalterne et sans vraie personnalité. Bref établir enfin cette région parisienne, destin moderne de notre capitale si mal compris en son départ. Tel est l’objet de la réforme dont est né voici plus de trois ans le Val-de-Marne.
Comme pour toutes les grandes causes, une petite équipe fut d’abord seule, en charge. Patiemment, presque subrepticement, mais avec la volonté tenace de vaincre, les premiers fonctionnaires du nouveau département en furent, avec l’aide des élus, les pionniers et les créateurs. De leur esprit d’entreprise une administration nouvelle est née, mise en place au fil des jours, prête à faire face à l’échéance qui le 1er janvier 1968 fera du Val-de-Marne un département complet de droit commun, un département à part entière, doté pour l’essentiel de ses moyens de travail. Ainsi s’achève l’ère des pionniers et commence le patient labeur quotidien d’impulsion, de maintenance et d’organisation.
Or la tâche entreprise s’avère exceptionnelle par sa nouveauté, par son intérêt, par son ampleur.
En créant les nouveaux départements de la région parisienne, la loi du 10 juillet 1964 engageait un immense pari sur l’avenir. Un avenir trop ouvert pour n’être qu’une prolongation du présent, un pari trop important pour être laissé au seul soin du hasard, de ses fantaisies ou de son fatalisme.
Rarement réforme ne fut mieux inscrite pourtant dans la tradition du passé. N’est-ce pas la vocation de Paris que de changer d’habit et de visage toutes les fois qu’il est nécessaire? De la Lutèce des Parisiens à l’enceinte de Philippe Auguste, des barrières du Louvre à celles des fermiers généraux, des grands boulevards aux boulevards extérieurs, c’était la croissance continue d’une ville à l’image de celle d’un peuple, c’était transcrite dans sa capitale la vitalité d’une Nation.
Mais le secret de Paris, parmi toutes les cités, c’était aussi d’avoir préservé, au cours des âges, l’originalité des quartiers qui peu à peu l’agrandissaient. On pouvait être Parisien sans avoir jamais quitté Belleville, ou bien Passy, ou Montparnasse : et vivre humainement dans ces villages dont l’agglomération formait la Ville.
La croissance des cinquante dernières années, prenant d’autres dimensions, a brusquement rompu ce charme. Paris est entré dans le monde moderne sans s’y être préparé, sans avoir prévu la brutalité des bouleversements qu’il impliquait. Je suis de cette génération qui a vu s’étendre la banlieue, comme une tache d’encre sur la page de l’histoire. J’ai connu l’installation du désordre conquérant et la foire d’empoigne des pavillons, des usines et des terrains vagues, et l’anarchie soudaine d’une ceinture urbaine où Paris ne reconnaît ni sa grandeur ni sa beauté.
Réformer ces paysages défaits, recréer la vie partout où elle existe si dense mais dépourvue d’harmonie et d’ordre humain, combattre le morne ennui ou la fatigue de tant de Parisiens étrangers à Paris ; réintégrer dans la cité cette partie d’elle-même demeurée subalterne et sans vraie personnalité. Bref établir enfin cette région parisienne, destin moderne de notre capitale si mal compris en son départ. Tel est l’objet de la réforme dont est né voici plus de trois ans le Val-de-Marne.
Comme pour toutes les grandes causes, une petite équipe fut d’abord seule, en charge. Patiemment, presque subrepticement, mais avec la volonté tenace de vaincre, les premiers fonctionnaires du nouveau département en furent, avec l’aide des élus, les pionniers et les créateurs. De leur esprit d’entreprise une administration nouvelle est née, mise en place au fil des jours, prête à faire face à l’échéance qui le 1er janvier 1968 fera du Val-de-Marne un département complet de droit commun, un département à part entière, doté pour l’essentiel de ses moyens de travail. Ainsi s’achève l’ère des pionniers et commence le patient labeur quotidien d’impulsion, de maintenance et d’organisation.
Or la tâche entreprise s’avère exceptionnelle par sa nouveauté, par son intérêt, par son ampleur.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.