Description
Référence : 30470
Caisse Nationale des Monuments Historiques – Les Trésors des Eglises de France
Musée des Arts Décoratifs
1965, format : 175×215, 600 pages, très nb. ill. broché
Catalogue inventaire des trésors d’église par provinces de France, avec 8 illustrations couleurs contrecollées pleine page, suivi d’environ 250 pages illustrées n&b pleine page
INTRODUCTION
Lorsqu’on dressait au Moyen Age l’inventaire des Trésors d’églises, on les divisait en deux catégories, le » ministerium » comprenant les objets servant à l’exercice du culte et l’ » ornamentum » rassemblant ce qu’on utilisait pour orner l’édifice. Cette notion d’affectation culturelle vient s’ajouter aux caractères propres à tous les trésors, aussi bien profanes que religieux, celui de la rareté et de la préciosité des matières, de leur richesse appréciée en valeur marchande au poids de l’or et de l’argent, celui de la beauté des façons. Elle donne aux pièces constituant les Trésors d’églises une importance essentielle par le rôle que celles-ci jouent dans la pratique de la religion chrétienne et une signification spirituelle par leur appartenance sacrée, qui n’ont d’équivalent dans aucune autre religion. Cette même notion fait comprendre à quels impératifs a correspondu la constitution des Trésors, la diversité de leur composition, les raisons de leurs transformations et aussi de leurs fréquentes disparitions.
L’individualité des objets, leur forme, calice, burettes ou encensoir, sont déterminées par une appropriation à un usage liturgique particulier. Ces formes, nées des besoins de la liturgie, évoluent en même temps qu’elle. Et l’on peut dire que dans un certain sens la composition des trésors dépend peut cette liturgie. Des considérations les unes dogmatiques, les autres dictées par l’expérience, sont intervenues dans ces modifications. Certaines ont eu pour conséquence l’apparition de nouveaux objets de culte, comme l’ostensoir lorsque fut institué par Urbain IV en 1264 le rite de l’ostension de l’hostie à la suite du miracle de la messe de Bolsène.
D’autres, des suppressions comme les autels portatifs dont l’emploi, justifié aux temps de persécutions ou d’expéditions lointaines telles que les croisades, fut désapprouvé par le concile de Trente, ou comme le peigne liturgique et les sandales épiscopales dont on n’a plus d’exemples après le XVe siècle. D’autres encore eurent pour effet le remplacement d’un objet ou d’une disposition par de nouvelles formules, la pyxide par le ciboire, ou le système de suspension au-desssus de l’autel de la réserve eucharistique, Sainte Coupe comme à Sens, colombe comme à Saint-Yrieix, par le tabernacle.
Cet éclat des matières, pierres, émaux, métaux – or ou simplement cuivre doré – est de tous les facteurs qui interviennent pour définir l’idée de trésor celui dont la perception, ressentie comme physiquement, est la plus directe. Il confère à ces matières précieuses une qualité transcendantale à laquelle on attribue selon les croyances un pouvoir magique, ou purement mystique. Les deux notions ne sont pas toujours séparées, ainsi qu’en témoigne ce nom d’ » amulette » ou de » talisman » attribué au bijou que, selon la légende, portait l’empereur. La seconde a fini par prévaloir. C’est elle qui donne sa véritable signification aux Trésors d’églises par l’idéologie qui s’y attache. Il y a un symbolisme des pierres qu’ont codifié les théologiens. Chacune se rapporte à un mystère de la Foi.
Montées sur des filigranes supportés par des galeries, comme sur le reliquaire de Pépin de Conques, l’évangéliaire de Saint-Gauzelin de Nancy ou la croix d’ Eymoutiers, elles représentent la Jérusalem Céleste. Et c’est par ce côté qui semblerait la rattacher à ce qu’elle a de plus profane, la joaillerie, que l’orfèvrerie religieuse atteint au contraire l’essence de son caractère sacré, même lorsqu’elle utilise des éléments païens, intailles antiques ou cristaux fatimides.
C’est ce que traduit la phrase célèbre de Suger : » La multiple coloration des gemmes me tire de mes soucis extérieurs et une véritable méditation m’induit à réfléchir, transférant ce qui est matériel en immatériel « . Car, comme l’a remarqué Swarzenski, ce n’est pas par goût du luxe et désir d’ostentation que – tout au moins aux hautes époques – on enferme dans les matières les plus rares ce qui est le plus vénéré, mais pour la plus grande gloire de Dieu et des Saints : par esprit d’humilité Saint Benoît d’Aniane, au début du IXe siècle, ne voulait pas de calices d’argent, mais seulement de bois ou de verre. Il consentit difficilement à s’en servir d’étain. A partir du milieu du même siècle, un interdit de Léon IV prohiba les calices faits de matières viles. Et en principe, encore de nos jours, l’intérieur de la coupe doit être doré. Ainsi le calice, le ciboire, la croix ou la châsse deviennent vénérables au même titre que leur dépôt sacré par le symbole qu’ils représentent et qu’exprime leur enveloppe brillante.
Couverture avec pliure en bas de page, en l’état
INTRODUCTION
Lorsqu’on dressait au Moyen Age l’inventaire des Trésors d’églises, on les divisait en deux catégories, le » ministerium » comprenant les objets servant à l’exercice du culte et l’ » ornamentum » rassemblant ce qu’on utilisait pour orner l’édifice. Cette notion d’affectation culturelle vient s’ajouter aux caractères propres à tous les trésors, aussi bien profanes que religieux, celui de la rareté et de la préciosité des matières, de leur richesse appréciée en valeur marchande au poids de l’or et de l’argent, celui de la beauté des façons. Elle donne aux pièces constituant les Trésors d’églises une importance essentielle par le rôle que celles-ci jouent dans la pratique de la religion chrétienne et une signification spirituelle par leur appartenance sacrée, qui n’ont d’équivalent dans aucune autre religion. Cette même notion fait comprendre à quels impératifs a correspondu la constitution des Trésors, la diversité de leur composition, les raisons de leurs transformations et aussi de leurs fréquentes disparitions.
L’individualité des objets, leur forme, calice, burettes ou encensoir, sont déterminées par une appropriation à un usage liturgique particulier. Ces formes, nées des besoins de la liturgie, évoluent en même temps qu’elle. Et l’on peut dire que dans un certain sens la composition des trésors dépend peut cette liturgie. Des considérations les unes dogmatiques, les autres dictées par l’expérience, sont intervenues dans ces modifications. Certaines ont eu pour conséquence l’apparition de nouveaux objets de culte, comme l’ostensoir lorsque fut institué par Urbain IV en 1264 le rite de l’ostension de l’hostie à la suite du miracle de la messe de Bolsène.
D’autres, des suppressions comme les autels portatifs dont l’emploi, justifié aux temps de persécutions ou d’expéditions lointaines telles que les croisades, fut désapprouvé par le concile de Trente, ou comme le peigne liturgique et les sandales épiscopales dont on n’a plus d’exemples après le XVe siècle. D’autres encore eurent pour effet le remplacement d’un objet ou d’une disposition par de nouvelles formules, la pyxide par le ciboire, ou le système de suspension au-desssus de l’autel de la réserve eucharistique, Sainte Coupe comme à Sens, colombe comme à Saint-Yrieix, par le tabernacle.
Cet éclat des matières, pierres, émaux, métaux – or ou simplement cuivre doré – est de tous les facteurs qui interviennent pour définir l’idée de trésor celui dont la perception, ressentie comme physiquement, est la plus directe. Il confère à ces matières précieuses une qualité transcendantale à laquelle on attribue selon les croyances un pouvoir magique, ou purement mystique. Les deux notions ne sont pas toujours séparées, ainsi qu’en témoigne ce nom d’ » amulette » ou de » talisman » attribué au bijou que, selon la légende, portait l’empereur. La seconde a fini par prévaloir. C’est elle qui donne sa véritable signification aux Trésors d’églises par l’idéologie qui s’y attache. Il y a un symbolisme des pierres qu’ont codifié les théologiens. Chacune se rapporte à un mystère de la Foi.
Montées sur des filigranes supportés par des galeries, comme sur le reliquaire de Pépin de Conques, l’évangéliaire de Saint-Gauzelin de Nancy ou la croix d’ Eymoutiers, elles représentent la Jérusalem Céleste. Et c’est par ce côté qui semblerait la rattacher à ce qu’elle a de plus profane, la joaillerie, que l’orfèvrerie religieuse atteint au contraire l’essence de son caractère sacré, même lorsqu’elle utilise des éléments païens, intailles antiques ou cristaux fatimides.
C’est ce que traduit la phrase célèbre de Suger : » La multiple coloration des gemmes me tire de mes soucis extérieurs et une véritable méditation m’induit à réfléchir, transférant ce qui est matériel en immatériel « . Car, comme l’a remarqué Swarzenski, ce n’est pas par goût du luxe et désir d’ostentation que – tout au moins aux hautes époques – on enferme dans les matières les plus rares ce qui est le plus vénéré, mais pour la plus grande gloire de Dieu et des Saints : par esprit d’humilité Saint Benoît d’Aniane, au début du IXe siècle, ne voulait pas de calices d’argent, mais seulement de bois ou de verre. Il consentit difficilement à s’en servir d’étain. A partir du milieu du même siècle, un interdit de Léon IV prohiba les calices faits de matières viles. Et en principe, encore de nos jours, l’intérieur de la coupe doit être doré. Ainsi le calice, le ciboire, la croix ou la châsse deviennent vénérables au même titre que leur dépôt sacré par le symbole qu’ils représentent et qu’exprime leur enveloppe brillante.
Couverture avec pliure en bas de page, en l’état
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