Description
Référence : 30328
DE PONTON D’AMECOURT – Note sur une médaille rencontrée à Provins
Extrait du Bulletin d’Archéologie de Seine-et-Marne
14865, format : 160×240, 5 pages, une ill. broché
NOTE SUR UNE MEDAILLE RENCONTRÉE A PROVINS,
PAR LE Vte DE PONTON D’AMÉCOURT,Membre fondateur (Section de Meaux).
Dans le courant de l’année 1864, il a été trouvé aux environs de Melun une petite monnaie d’or qui a appartenu successivement à plusieurs habitants de Provins, et qui a été vendue par l’un deux à un amateur de passage étranger au département.
Cette expatriation d’un monument de notre pays serait un fait réellement déplorable, une perte pour l’archéologie en général, et pour l’histoire du département en particulier, si l’un de nos confrères n’avait eu l’heureuse idée de prendre plusieurs empreintes en cire de ce petit monument, et si un autre n’avait eu la bonne fortune de retrouver à Paris, dans les cartons d’un marchand, notre monnaie dépaysée, privée de son certificat d’origine, son principal titre à l’estime des archéologues, jetée là par le vent du mercantilisme.
Le monument dont je vais parler, est une monnaie mérovingienne.
Je ne crois pas qu’il existe dans la série de nos monnaies nationales, une suite plus intéressante et plus instructive que celle des monnaies mérovingiennes. C’est la première manifestation artistique de ce mélange des trois races Gauloise , Romaine et Franque qui a produit la nation française.
La numismatique gauloise dans la multiplicité de ses systèmes, dans l’infinie variété de ses types, dans les mystères de son symbolisme, offre un puissant attrait aux savants qui l’explorent ; mais la rareté de celles de ses légendes qui indiquent des noms de lieux, ne permet guère d’en espérer pour la géographie plus de renseignements qu’on n’en trouve dans Strabon, Pline et Ptolémée.
La numismatique de la Gaule romaine n’existe pas : la Gaule était absorbée dans l’Empire. C’est Rome qui fait battre monnaie pour le monde entier. Au quatrième siècle seulement, quand déjà lorsqu’un argument décisif est venu confirmer mon opinion, la découverte en Seine-et-Marne d’un nouveau tiers-de-sol, à la légende Locosanto-Dacoaldo.
Les monnaies ont de tout temps voyagé, elles ont été souvent portées par la guerre et enfouies à de très grandes distances ; mais c’est un fait rationnel et acquis à la science, que le plus grand nombre a servi aux échanges locaux et ne s’est pas expatrié; neuf sur dix appartiennent à la région dans laquelle elles ont été retrouvées ; notre sol recèle les monnaies qui ont eu cours chez nous, comme il couvre la cendre de ceux qui nous ont précédés.
Ainsi tout concourt à affirmer nos droits sur les espèces de Locus sanctus, et leur légende, et leur style, et le lieu de leur enfouissement; tout nous dit qu’au VIIe siècle, Lieusaint était un des ateliers monétaires les plus féconds, le centre d’un commerce considérable, probablement un lieu de grandes réunions où l’on trafiquait, après avoir été un lieu d’antiques assemblées religieuses, un lieu sacré : son nom même nous apprend ceci, et un nom ne ment pas ; un nom , c’est l’affirmation d’un peuple, c’est la grande voix de l’histoire…
PAR LE Vte DE PONTON D’AMÉCOURT,Membre fondateur (Section de Meaux).
Dans le courant de l’année 1864, il a été trouvé aux environs de Melun une petite monnaie d’or qui a appartenu successivement à plusieurs habitants de Provins, et qui a été vendue par l’un deux à un amateur de passage étranger au département.
Cette expatriation d’un monument de notre pays serait un fait réellement déplorable, une perte pour l’archéologie en général, et pour l’histoire du département en particulier, si l’un de nos confrères n’avait eu l’heureuse idée de prendre plusieurs empreintes en cire de ce petit monument, et si un autre n’avait eu la bonne fortune de retrouver à Paris, dans les cartons d’un marchand, notre monnaie dépaysée, privée de son certificat d’origine, son principal titre à l’estime des archéologues, jetée là par le vent du mercantilisme.
Le monument dont je vais parler, est une monnaie mérovingienne.
Je ne crois pas qu’il existe dans la série de nos monnaies nationales, une suite plus intéressante et plus instructive que celle des monnaies mérovingiennes. C’est la première manifestation artistique de ce mélange des trois races Gauloise , Romaine et Franque qui a produit la nation française.
La numismatique gauloise dans la multiplicité de ses systèmes, dans l’infinie variété de ses types, dans les mystères de son symbolisme, offre un puissant attrait aux savants qui l’explorent ; mais la rareté de celles de ses légendes qui indiquent des noms de lieux, ne permet guère d’en espérer pour la géographie plus de renseignements qu’on n’en trouve dans Strabon, Pline et Ptolémée.
La numismatique de la Gaule romaine n’existe pas : la Gaule était absorbée dans l’Empire. C’est Rome qui fait battre monnaie pour le monde entier. Au quatrième siècle seulement, quand déjà lorsqu’un argument décisif est venu confirmer mon opinion, la découverte en Seine-et-Marne d’un nouveau tiers-de-sol, à la légende Locosanto-Dacoaldo.
Les monnaies ont de tout temps voyagé, elles ont été souvent portées par la guerre et enfouies à de très grandes distances ; mais c’est un fait rationnel et acquis à la science, que le plus grand nombre a servi aux échanges locaux et ne s’est pas expatrié; neuf sur dix appartiennent à la région dans laquelle elles ont été retrouvées ; notre sol recèle les monnaies qui ont eu cours chez nous, comme il couvre la cendre de ceux qui nous ont précédés.
Ainsi tout concourt à affirmer nos droits sur les espèces de Locus sanctus, et leur légende, et leur style, et le lieu de leur enfouissement; tout nous dit qu’au VIIe siècle, Lieusaint était un des ateliers monétaires les plus féconds, le centre d’un commerce considérable, probablement un lieu de grandes réunions où l’on trafiquait, après avoir été un lieu d’antiques assemblées religieuses, un lieu sacré : son nom même nous apprend ceci, et un nom ne ment pas ; un nom , c’est l’affirmation d’un peuple, c’est la grande voix de l’histoire…
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