Description
Référence : 30896
BELCROIX Cyr – Sacré Mathieu
ventures et mésanetures d’un paysan briard
1967, format : 140×200, 254 pages, sans ill. broché
AVANT-PROPOS
Nous sommes aux portes de Paris. La plaine fertile s’étend à perte vue où, de-ci de-là, quelques bosquets en rompent la monotonie.
Une ferme se profile au loin, perdue au milieu des champs. Un village, dont les maisons basses groupées autour de l’église, apparaît.
Parfois quelque dénivellation du terrain a permis à une communauté de s’établir dans le creux où coule un ruisselet. D’autres communautés, par contre, se sont installées au sommet d’une colline pour dominer la plaine.
C’est la Brie. La vocation des Briards était le travail de la terre, à laquelle ils étaient fort attachés, et, des traditions s’instaurèrent qui subsistent encore.
C’est dans l’un de ces villages, dont le pittoresque ne réside ni dans ses monuments, ni dans son décor, mais dans l’esprit de ses habitants, qu’évolue Mathieu.
Il est une image curieuse de ce monde fermé, que les migrations estivales, qui sont l’apanage des temps modernes, n’avaient pas encore détérioré.
Paris, la grande ville, était toute proche. On la regardait comme un monstre dont on se méfiait à juste titre. On en entendait vanter les mérites et la splendeur, mais on se contentait de l’admirer sur des gravures ou des cartes postales, sans manifester l’ambition d’aller la contempler de près.
On demeurait où on était né sans même être tenté de s’évader quelques jours pour découvrir un autre monde.J’ai fait la connaissance en 1948, donc relativement récemment, d’un garçon de 25 ans qui, né dans le Montois à quelques kilomètres de Provins, n’avait jamais quitté son village qu’en de rares occasions pour se rendre aux marchés de Nangis et de Donnemarie-en-Montois. et deux ou trois fois aux foires de Provins.
Il ne connaissait ni Paris, ni même Melun. Il n’éprouvait ni le besoin ni l’envie de les connaître. Il s’exprimait dans le langage de ses dieux, ce patois briard qui ne manque ni de sel ni de caractère dans ses expressions parfois imagées.
Mathieu, comme tous ceux qu’il côtoyait, parlait ainsi.
Né dans ce milieu, il m’a fallu écrire cet ouvrage pour m’apercevoir que, bien souvent, j’employais des mots ou des expressions du terroir, croyant qu’il s’agissait d’un pur français.
J’avais pensé transposer ce langage sur le papier dans l’orthographe de sa prononciation, mais, après un essai, je me suis rendu compte que la lecture en deviendrait vite laborieuse, voire fastidieuse, si elle avait amusé tout d’abord, même pour ceux qui parlent et comprennent ce patois.
Un simple exemple vous permettra de juger :
J’é évu chaud, l’celui qu’a parti Pdarnier avé nout ch’val noêre i l’a tant fé verder avé 1’ tombériau que c’ée ben d’hasard qui i soit rin arrivé. Lé quien cé comme el mien quand qu’il a l’idée d’fair’ queuqu’ chose, el bon Guieu i’en f’rait point démordre.
Ce qui s’écrit en clair :
J’ai eu peur, celui qui est parti le dernier avec notre cheval noir l’a. tant fait courir avec le tombereau que c’est bien par hasard qu’il ne lui soit rien arrivé. Le tien est comme le mien, lorsqu’il a décidé de faire quelque chose, le bon Dieu ne l’en ferait pas démordre.
Nous sommes aux portes de Paris. La plaine fertile s’étend à perte vue où, de-ci de-là, quelques bosquets en rompent la monotonie.
Une ferme se profile au loin, perdue au milieu des champs. Un village, dont les maisons basses groupées autour de l’église, apparaît.
Parfois quelque dénivellation du terrain a permis à une communauté de s’établir dans le creux où coule un ruisselet. D’autres communautés, par contre, se sont installées au sommet d’une colline pour dominer la plaine.
C’est la Brie. La vocation des Briards était le travail de la terre, à laquelle ils étaient fort attachés, et, des traditions s’instaurèrent qui subsistent encore.
C’est dans l’un de ces villages, dont le pittoresque ne réside ni dans ses monuments, ni dans son décor, mais dans l’esprit de ses habitants, qu’évolue Mathieu.
Il est une image curieuse de ce monde fermé, que les migrations estivales, qui sont l’apanage des temps modernes, n’avaient pas encore détérioré.
Paris, la grande ville, était toute proche. On la regardait comme un monstre dont on se méfiait à juste titre. On en entendait vanter les mérites et la splendeur, mais on se contentait de l’admirer sur des gravures ou des cartes postales, sans manifester l’ambition d’aller la contempler de près.
On demeurait où on était né sans même être tenté de s’évader quelques jours pour découvrir un autre monde.J’ai fait la connaissance en 1948, donc relativement récemment, d’un garçon de 25 ans qui, né dans le Montois à quelques kilomètres de Provins, n’avait jamais quitté son village qu’en de rares occasions pour se rendre aux marchés de Nangis et de Donnemarie-en-Montois. et deux ou trois fois aux foires de Provins.
Il ne connaissait ni Paris, ni même Melun. Il n’éprouvait ni le besoin ni l’envie de les connaître. Il s’exprimait dans le langage de ses dieux, ce patois briard qui ne manque ni de sel ni de caractère dans ses expressions parfois imagées.
Mathieu, comme tous ceux qu’il côtoyait, parlait ainsi.
Né dans ce milieu, il m’a fallu écrire cet ouvrage pour m’apercevoir que, bien souvent, j’employais des mots ou des expressions du terroir, croyant qu’il s’agissait d’un pur français.
J’avais pensé transposer ce langage sur le papier dans l’orthographe de sa prononciation, mais, après un essai, je me suis rendu compte que la lecture en deviendrait vite laborieuse, voire fastidieuse, si elle avait amusé tout d’abord, même pour ceux qui parlent et comprennent ce patois.
Un simple exemple vous permettra de juger :
J’é évu chaud, l’celui qu’a parti Pdarnier avé nout ch’val noêre i l’a tant fé verder avé 1’ tombériau que c’ée ben d’hasard qui i soit rin arrivé. Lé quien cé comme el mien quand qu’il a l’idée d’fair’ queuqu’ chose, el bon Guieu i’en f’rait point démordre.
Ce qui s’écrit en clair :
J’ai eu peur, celui qui est parti le dernier avec notre cheval noir l’a. tant fait courir avec le tombereau que c’est bien par hasard qu’il ne lui soit rien arrivé. Le tien est comme le mien, lorsqu’il a décidé de faire quelque chose, le bon Dieu ne l’en ferait pas démordre.
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