Description
Référence : 30320
STEIN Henri – Testament de Pierre Sainte-Foi
Archevêque de Palerme
1912, format : 160×250, 8 pages, sans ill. broché
TESTAMENT DE PIERRE DE SAINTE-FOI
ARCHEVÊQUE DE PALERME (1283).
Une réelle incertitude règne sur la personne de l’archevêque de Palerme qui gouvernait ce diocèse au temps des Vêpres siciliennes.
On s’est toujours plu à le considérer comme appartenant à une noble famille du pays; on n’a jamais réussi à délimiter avec précision les dates extrêmes de son épiscopat.
La découverte inopinée de son testament, jointe à quelque autre document, permettra, semble-t-il, de modifier complètement l’opinion reçue sur le premier point et, sur le second, de restreindre la période pendant laquelle les destinées du diocèse de Palerme ont été confiées à ce personnage.
En effet, celui qu’on appelle généralement Petrus de Sancta Fede est certainement d’origine française.
Et les preuves fournies par le texte de son testament seront convaincantes, quand on saura surtout que la copie de ce document se trouve consignée à la fin d’un petit registre des archives départementales de la Côte-d’Or, dénommé le Cartulaire du prieuré de la Maison-Dieu-en-Brie »2.
Ce n’est évidemment pas par pur hasard que cette transcription fut ainsi faite : les moines desservant le prieuré (dépendant de l’abbaye de Molesme) avaient une raison particulière de l’insérer à la suite des documents qu’ils jugeaient nécessaires de conserver pour la défense de leurs intérêts temporels, et cette raison, peut-être faut-il la chercher dans le fait, qu’avant d’être élevé à la dignité d’archevêque de Palerme, Pierre avait été simple moine au prieuré de la Maison-Dieu.
Par cet acte solennel, l’archevêque institue pour héritiers deux parents pauvres, Jean et Eudes dits Banditars, auxquels il lègue tous les biens meubles et immeubles qu’il possède en France, « que habeo in regno Francie ubicumque » : et l’on ne comprendrait pas qu’un prêtre sicilien du xme siècle, même prélat, fût propriétaire foncier en France, tandis que l’explication est plausible si l’on admet pour lui une origine française.
En même temps, le testateur, entre autres legs, donne quelques souvenirs à son sergent, à son maréchal, à son écuyer, à son chapelain, à son clerc, à son cuisinier ; mais il fait passer avant eux tous deux chanoines de la cathédrale de Palerme, dont les noms figurent parmi les exécuteurs de ses volontés : Johannes de Gressibus et Jocelinus de Campo Guidonis. Or, il n’est pas douteux que ces deux chanoines sont, comme l’archevêque lui-même, deux français, emmenés par lui en Sicile au moment de sa promotion à l’épiscopat ; car, dans le même rayon géographique que le prieuré de la Maison-Dieu (situé au diocèse de Meaux, sur les confins de la paroisse de la Ferté-Gaucher), on trouve deux localités briardes, Grez 3 et Champguyon 4, d’où lesdits chanoines ont tiré leurs surnoms 5. On admettra volontiers que ce sont deux compatriotes de l’archevêque, auxquels celui-ci lègue tous ses livres théologiques et autres, une mule ou un cheval, et une somme de cinquante onces d’or à chacun.
En outre, tant parmi les légataires que parmi les témoins du présent testament, paraissent d’autres personnes, laïques et ecclésiastiques, dont l’origine française ne semble pas douteuse.
1. C’est un deuxième testament, l’archevêque ayant soin de prévenir que le premier a été rédigé à Palerme et-doit se trouver au couvent des Frères-Prêcheurs de cette ville. Il le confirme et approuve d’ailleurs.
2. On trouvera dans le Bulletin d’histoire et d’Archéologie du diocèse de Meaux, t. IV (1908), p. 172-176, l’analyse des chartes contenues dans ce cartulaire.
3. Grez, canton de Tournan (Seine-et-Marne).
4. Champguyon, canton d’Esternay (Marne). Il existe, à l’église Saint-Quiriace de Provins, une dalle du XIIe siècle, qui nous révèle le nom de « dame Guiot de Champguion ».
5. Parmi les Français attachés au service de Charles d’Anjou dans le royaume de Naples, dont les noms ont été relevés par P. Durrieu (les Archives angevines de Naples, t. II, p. 328), figurent « Jean de Gres », valet de l’hôtel, et « Mathieu de Gres », homme d’armes, à la même époque. Un seigneur de Grez fut maréchal de France.
ARCHEVÊQUE DE PALERME (1283).
Une réelle incertitude règne sur la personne de l’archevêque de Palerme qui gouvernait ce diocèse au temps des Vêpres siciliennes.
On s’est toujours plu à le considérer comme appartenant à une noble famille du pays; on n’a jamais réussi à délimiter avec précision les dates extrêmes de son épiscopat.
La découverte inopinée de son testament, jointe à quelque autre document, permettra, semble-t-il, de modifier complètement l’opinion reçue sur le premier point et, sur le second, de restreindre la période pendant laquelle les destinées du diocèse de Palerme ont été confiées à ce personnage.
En effet, celui qu’on appelle généralement Petrus de Sancta Fede est certainement d’origine française.
Et les preuves fournies par le texte de son testament seront convaincantes, quand on saura surtout que la copie de ce document se trouve consignée à la fin d’un petit registre des archives départementales de la Côte-d’Or, dénommé le Cartulaire du prieuré de la Maison-Dieu-en-Brie »2.
Ce n’est évidemment pas par pur hasard que cette transcription fut ainsi faite : les moines desservant le prieuré (dépendant de l’abbaye de Molesme) avaient une raison particulière de l’insérer à la suite des documents qu’ils jugeaient nécessaires de conserver pour la défense de leurs intérêts temporels, et cette raison, peut-être faut-il la chercher dans le fait, qu’avant d’être élevé à la dignité d’archevêque de Palerme, Pierre avait été simple moine au prieuré de la Maison-Dieu.
Par cet acte solennel, l’archevêque institue pour héritiers deux parents pauvres, Jean et Eudes dits Banditars, auxquels il lègue tous les biens meubles et immeubles qu’il possède en France, « que habeo in regno Francie ubicumque » : et l’on ne comprendrait pas qu’un prêtre sicilien du xme siècle, même prélat, fût propriétaire foncier en France, tandis que l’explication est plausible si l’on admet pour lui une origine française.
En même temps, le testateur, entre autres legs, donne quelques souvenirs à son sergent, à son maréchal, à son écuyer, à son chapelain, à son clerc, à son cuisinier ; mais il fait passer avant eux tous deux chanoines de la cathédrale de Palerme, dont les noms figurent parmi les exécuteurs de ses volontés : Johannes de Gressibus et Jocelinus de Campo Guidonis. Or, il n’est pas douteux que ces deux chanoines sont, comme l’archevêque lui-même, deux français, emmenés par lui en Sicile au moment de sa promotion à l’épiscopat ; car, dans le même rayon géographique que le prieuré de la Maison-Dieu (situé au diocèse de Meaux, sur les confins de la paroisse de la Ferté-Gaucher), on trouve deux localités briardes, Grez 3 et Champguyon 4, d’où lesdits chanoines ont tiré leurs surnoms 5. On admettra volontiers que ce sont deux compatriotes de l’archevêque, auxquels celui-ci lègue tous ses livres théologiques et autres, une mule ou un cheval, et une somme de cinquante onces d’or à chacun.
En outre, tant parmi les légataires que parmi les témoins du présent testament, paraissent d’autres personnes, laïques et ecclésiastiques, dont l’origine française ne semble pas douteuse.
1. C’est un deuxième testament, l’archevêque ayant soin de prévenir que le premier a été rédigé à Palerme et-doit se trouver au couvent des Frères-Prêcheurs de cette ville. Il le confirme et approuve d’ailleurs.
2. On trouvera dans le Bulletin d’histoire et d’Archéologie du diocèse de Meaux, t. IV (1908), p. 172-176, l’analyse des chartes contenues dans ce cartulaire.
3. Grez, canton de Tournan (Seine-et-Marne).
4. Champguyon, canton d’Esternay (Marne). Il existe, à l’église Saint-Quiriace de Provins, une dalle du XIIe siècle, qui nous révèle le nom de « dame Guiot de Champguion ».
5. Parmi les Français attachés au service de Charles d’Anjou dans le royaume de Naples, dont les noms ont été relevés par P. Durrieu (les Archives angevines de Naples, t. II, p. 328), figurent « Jean de Gres », valet de l’hôtel, et « Mathieu de Gres », homme d’armes, à la même époque. Un seigneur de Grez fut maréchal de France.
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